Je n’aime pas courir (en nature) !

La solution : Courir quand même (sur route)

 

Une coureuse arrive au cabinet et déclare ne pas aimer courir en nature. Vous lui demandez d’argumenter mais elle se contente de répéter : ‘je ne sais pas pourquoi mais je n’aime pas’. Peut-on ne pas aimer la nature ? Sans doute pas. Dès lors quelle explication peut-on donner à cette préférence pour les rouleaux d’asphalte plutôt que la douce variété d’un single en forêt ?

La course d’endurance est une affaire de coût énergétique et de rendement. On se dit que si le rendement est mauvais, l’athlète ne va pas aimer. Une analyse du coût énergétique montre que 80% du coût énergétique de la course est dévoré par le fait de porter son poids dans un monde de pesanteur et d’aller de l’avant. 80% ce n’est pas rien ! Ensuite il faut lever la jambe libre pour ne pas piquer du nez. La meilleure façon de courir c’est encore la nôtre, c’est de mettre un pied devant l’autre et de recommencer. Bref lever la jambe arrière pour qu’elle vienne en support avant. 7% de l’énergie est dédiée à cette activité. C’est pourquoi la consigne qui demande de lever les genoux a peu de sens. Ce serait ajouter du poids à porter bref ajouter de la dépense à la dépense.

Répartition du coût énergétique de la course

Répartition du coût énergétique de la course

 

Mais continuons. 11% de l’énergie dépensée sont nés de père et de mère inconnus. Passons ! Reste 2% d’énergie dédiée au maintien de l’équilibre latéral. Statistiquement 2% c’est nada ! Et pourtant c’est précisément ce qui explique 100% de la décision de notre coureuse.

 

Des jambes en X !

 

Vous l’observez sans lâcher cette coureuse ! Au niveau anatomique vous repérez un bassin large. Plus encore, vous voyez des jambes en X. Des genoux comme amoureux qui s’embrassent à chaque appui. Les spécialistes mesurent l’angle Q formé par une ligne verticale qui traverse le genou et une ligne qui suit l’axe du fémur. Plus l’angle est grand, plus le corps doit produire de prompts efforts pour assurer sa stabilité latérale. Ce qu’une coureuse n’a pas à l’intérieur, elle le cherche à l’extérieur. Les coureuses aux jambes ‘en X’ produisent des efforts constants pour assurer leur stabilité latérale. Leur ressenti négatif ’en nature’ est associé au fait que le sol est moins dur et moins plat donc moins prévisible. Le mou et l’instable caractérisent leur corps. L’instabilité est à la clé. Leur émotion les conduit – c’est une force – à aimer ce dont elles ont besoin : du dur et du stable.

Ce que je n’ai pas en moi, je dois le trouver hors de moi. Je ne suis pas stable latéralement ? Je me moque bien des interprétations à 2% de coût moyen pour assurer ma stabilité. J’ai besoin de 100% de contrôle. Donnez-moi du dur et laissez-moi aller.

 

Angle Q membre inférieur gauche. En moyenne 12° HOM et 17° FEM.

15 mai 2024

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